En juillet 2016 j'ai fait la couverture de ce magazineOlympien plus qu’olympique

Bon nombre de correspondants ont cru que j’allais courir le marathon olympique. Je ne suis pas trop mauvais sur marathon, certes, mais à des années lumières des chronos qualificatifs ! Je leur annonçais juste ma participation au marathon d’Olympie, la ville où sont nés les Jeux olympiques, au VIIIème siècle avant notre ère. Pour mémoire, l’épreuve du marathon correspond historiquement à la distance entre Marathon et Athènes (490 avant notre ère) et la distance a été fixée à 42,195 km aux JO de Londres, en 1908.

Nous souhaitions partir une semaine en vacances avec des vols à moins de 100 EUR A/R au départ de Vienne et rapidement, le choix s’est restreint à Londres, Nice ou Athènes. Désireux de trouver quelques rayons de soleil, c’est la capitale grecque qui fut choisie et aussitôt les billets réservés, j’entrais « running calendar greece » sur un moteur de recherche et trouvais le marathon d’Olympie le dimanche 27 mars. C’était la deuxième édition et j’ai regardé les résultats de l’an dernier : seulement 69 coureurs et 3h18 pour le vainqueur. J’avais donc des chances de podium.

Dimanche 27 à 7h, départ en car pour Amaliada, départ du marathon. Petite pluie sur le trajet. On fait presque en car le parcours en sens inverse. Des plots nous réservent la bande d’arrêt d’urgence mais la circulation n’est pas arrêtée. Le départ est donné vers 8h45, avec 15’ de retard. Pour la première fois pour un marathon sur route, mon objectif n’était pas le chrono mais le podium, je l’avais annoncé. J’espérais que 3h10 me permette de monter sur le podium. Nous sommes 120 coureurs. Rapidement, nous somme trois en tête. Le rythme est assez rapide : 4’11 au premier km assez sinueux en ville, 4’06 au deuxième, sachant que 4’20 devait amplement suffire, je ralentis un peu (3ème km en 4’20) et laisse les deux premiers coureurs devant, à portée de vue, environ 30m. Le rythme s’accélère un peu, 4’16 et même 3’53 pour les km suivants. A ce moment, je me fais dépasser par le 4ème coureur et prend donc sa place. « Pas grave, on verra bien », me dis-je. Entre le 8ème et le 13ème km, on grimpe de 86 m, je suis bien, juste derrière le trio, à 50 m maxi. Je regarde chaque km et JAMAIS le chrono général, je ne pensais pas du tout « faire un chrono », d’autant moins qu’il y a au total 280 m à grimper. A posteriori j’apprends que je passe le semi en moins d’1h29 !

Le trajet n’est pas très beau mais acceptable. On longe une route départementale qui est souvent très droite. A Pyrgos, depuis deux ans, les poubelles ne sont plus collectées régulièrement. Pour nous épargner les odeurs, des bâches ont été posées sur les tas d’ordure qui longent la voie sur parfois 20 ou 30 m. Pour passer le temps, dans ces longues lignes droites qui font parfois 5-7 km, je me plais à déchiffrer le grec. Mon année d’initiation en classe de quatrième m’a permis d’apprendre l’alphabet et je vois par exemple que piscine s’écrit pareil en grec (πισίνα).







Vers le 22ème, je vois qu’un des gars du trio de tête donne des signes d’épuisement, sans que j’accélère, il se rapproche de moi et je le dépasse. Ca y est je suis troisième ! Régulièrement des gars à vélo passent à côté de moi « do you need anything? Water, iso? ». Très sympa ! A un moment je demande de l’eau. Vers le 26ème je dépasse le 2ème mais je l’entends derrière moi, nous sommes au même rythme. Je commence à m’imaginer second. Je me sens très bien, très à l’aise, mais je n’accélère pas. Je me dis que le podium semble assuré et qu’accélérer risquerait de me « casser ». Je passe sans encombre la grosse côte du 28ème (87 m de D+ sur 2 km). Au 36ème celui que j’avais dépassé revient et me dépasse. Je ne lutte pas, préférant jouer la sécurité. Il reste à 30-50 m devant moi… jusqu’à l’arrivée qui finalement, se fait dans un mouchoir de poche (2:58’29 pour le premier, 2 :59’18 pour le second et 2 :59’41 pour moi). A l’arrivée on me remet une couronne d’olivier (mais ça ressemble à du laurier) ainsi qu’une belle médaille. Ce n’est que 5-10’ plus tard que je m’enquiers de mon temps, ma montre affichait toujours la distance totale (et le signal GPS était perdu sur les deux derniers km) et le temps du dernier km. Le directeur de course m’apprend que je suis sous les 3h, JOIE ! Cela faisait deux ans et demi que je n’étais pas descendu sous les 3h, avec 3:00’10 et 3:00’12 à Vienne en avril 2014 et 2015.

Le temps d’attente avant la cérémonie des remises de prix est assez long mais j’en profite pour rendre hommage à Tommie Smith et John Carlos (JO de Mexico), mes héros de l’olympisme avec Jesse Owens (1936). Vers 14h ça y’est, on m’appelle. Je reçois une belle médaille de bronze mais aussi un  bas-relief représentant Charilaos Vasilakos, offert par son arrière-petite-fille. Autre aspet sympa de ce marathon, les frais d'inscription : 12 EUR seulement (17 avec t-shirt). Les ravitaillements étaient excellents, bouteilles d'eau tous les cinq kilomètres (et boisson énergétique à partir du 15ème), même des gels vers la fin. Last but not least, dès le mardi j'ai reçu par mail mes photos avec une ebonne résolution, gratuitement. 

Un petit marathon que je recommande vivement ! C'était pour moi mon 54ème dans mon 14ème pays (lien Garmin, signal GPS perdu au 40ème).