« The Three Peaks
Challenge », une expérience
inoubliable !
Cette course était avant tout une course
entre amis, ouverte à tous.
Quelques férus de course en montagne, fédérés par un groupe
Facebook,
se sont proposés de gravir les uns après les autres, en redescendant
dans les vallées, les
trois sommets les plus connus de Basse-Autriche,
Schneealpe (1903m), la
Rax (2007m) et le Schneeberg (2076m).
Rien de très haut donc, mais tout de même 55km et 5100m de dénivelé
positif
annoncés, avec au final, selon les mesures des uns et des
autres, entre
4600m et 4900m de grimpés. Au départ, seulement 24 coureurs, que des
hommes, le plus jeune avait 21 ans, le plus vieux pas loin de la
cinquantaine.
Ambiance très sympa, pas de dossards, pas de prise de
temps officiel et pas de balisage : il fallait naviguer au GPS (un
fichier gpx était disponible sur le
site de ce groupe) ou « à
l’ancienne », c’est-à-dire à la carte. Au passage, je
précise qu'il n'y avait pas de frais d’inscription non
plus, cf. "what you get, what you don't get".
A l’arrivée, on était priés de prendre une selfie ou d’envoyer
le fichier du tracé pour ceux qui couraient avec un GPS, dans le cas où
on voulait valider cette course pour se qualifier aux courses de
l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (il faut accumuler un certain nombre de
points sur des ultras pour avoir le droit de participer au
tirage au
sort, le Three peaks challenge apportait deux points).
Il
était prévu que je cours entièrement avec deux amis qui sont mes
principaux copains d’entraînement, tous les deux autrichiens : Joel, 27
ans, un as de la course en montagne, bien plus fort que moi (il a déjà
réussi une course de 100 miles et descend les pentes comme une flèche
pendant que je me traîne) et Michael,
42 ans, ancien cycliste qui est
capable d’aller très loin dans le dépassement de soi (trop à mon avis).
On a dormi chez Michael, à 30’ au sud de Vienne et encore à 1h du
départ, Krampen. Lever à 3h45 après quatre petite heures de sommeil.
Départ à 6h, rythme très raisonnable, beaucoup se mettent à marcher
quand ça monte un peu trop, nous aussi au bout d’un certain temps. Les
indications prévues pour les randonneurs, comme « Schneealpen 5 ½ h »
me sont traduites par Joel : « cela veut dire 2h pour nous ».
Effectivement, en alternant marche rapide et course (à plat ou en
descente), on divise
facilement par deux les temps prévus. La lune et
encore avec nous au départ, même s’il fait jour depuis longtemps. Il y
a encore pas mal de neige dès 1500m d’altitude, on traverse des petits
névés, je dois mettre la main dans la neige pour me rapprocher de la
montagne et ne pas glisser. Mes chaussures (Salomon XA Pro) s’avèrent
idéales pour cette longue course : même si elles sont lourdes, elles
offrent une grande protection dans les pierriers et une bonne stabilité
dans les passages techniques. Car en effet c’était une première pour
moi : il y avait des « passages techniques », le sentier était
tellement abrupt, avec des précipices en-dessous, qu’il fallait se
tenir et prendre appui sur une coursive en acier. Parfois il y avait
aussi des échelles de 2 à 5m à monter, ce qui ne pose pas de problème
particulier si on n’a pas le vertige.
De 13 à 14h, la descente de
la Rax par un chemin forestier m’a paru
interminable, il faisait plus de 30°C. Heureusement, dans la dernière
vallée on a décidé de se baigner
! On était un groupe de six coureurs,
c’était divin ! L’eau devait être à 5-7°C mais quel bonheur ! On était
frais pour repartir, encore 1500m à grimper. Peu après, le groupe de
six s’est séparé, après concertation (c’est ça aussi la course en
montagne entre amis, on
ne laisse jamais un coureur seul !), en trois
groupes de deux. Très en forme, Joel et Michael sont partis devant,
suivis de Wolf et Johannes, tandis que je restais en retrait avec
Benedikt, le jeune de 21 ans (mon fils aîné va avoir 20 ans le mois
prochain !).
Sur le trajet, des montagnes à n’en plus finir, des arrêtes, des dômes,
des falaises, quelques rares chalets ou refuges (dans lesquels on s’est
arrêtés trois fois pour boire et manger), plein de fleurs
(bleues,
violettes, roses ou jaunes) et même un chamois, après la course en
redescendant. Cela a été le coup de bambou que d’apprendre à l’arrivée,
après 12h30 de course (dont au total peut-être une heure de pause),
qu’on devait redescendre au parking en courant, soit 8km et 1200m de
D-. Je pensais naïvement qu’il y avait encore le train à crémaillère
mais il n’était plus en service depuis 17h. Le premier coureur, Florian
Grasel, finit en 8h42 ! C’est un coureur qui est allé à Copenhague en
partant de Vienne en courant (20 jours), qui a gravi au Pérou des
sommets à 6000m et qui a fini 37ème
l’UTMB en 2013. Un ovni !
Pour les points UTMB il fallait finir en moins de 13h. Je finis en
12h30 et suis 11ème. Sur les 24 coureurs au départ, seuls 17 sont
arrivés. La
descente au parking fut assez longue ; dans le train pour
Vienne, je m’endormais immédiatement et réglais mon téléphone pour ne
pas rater de descendre à temps à ma gare. J’ai passé une excellente
nuit et le lendemain j’étais étonnamment en forme, pas de courbature,
alors qu’après un marathon couru en ville, je mets quelques jours à
m’en remettre. Vive la
course en montagne ! La prochaine sera sûrement
la Veitsch
(54km, D+2060m), toujours le dernier samedi de juin, comme
en 2012, 2013 et 2014.
Bilan
: une superbe course mais j'aurais sans doute dû manger plus. Mon camel
back de 2 litres était suffisant pour l'eau (j'ai dû boire 5-6 litres
sur "l'épreuve"), mais dépensant pas loin de 10 000 KCal, j'aurais dû
me forcer à manger plus que quatre barres céréales, trois capsules de
sel, quelques bâtonnets salés, quelques dattes et un peu de sucre de
palme brut. A l'arrivée j'étais assez faible et un peu "blanchot"...