La SaintéLyon (départ à minuit, entre le samedi 5 et le dimanche 6 décembre 2009, de Saint-Etienne à Lyon, 69 km avec 1300m à monter et 1700m à descendre - c'est ce qu'on appelle un 'ultra', terme qui désigne toute course de plus de 42,195 km) => ce fut pour moi... Ultra... bizarre !+

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Franchement, je ne sais que penser de cette première expérience... si ce n’est que ce n’est pas le genre de truc à faire en touriste ! Bien sûr, il y a touristes et touristes : je l’étais dans le sens où j’y allais décontracté, ‘pour voir’, sans aucune ambition en terme de chrono. Ceci dit, je n’étais pas comme n’importe quel touriste car je tablais sur ma bonne forme générale et mon entraînement continu de marathonien me permettant de les enchaîner sans aucun problème (30 en 6 ans). Finir et ne pas me faire mal, tels étaient mes objectifs. Échangeant avec quelques amis coureurs, j’apprenais que je pouvais viser finir en 7h, je pensais donc courir entre 6h30et 8h. Voilà dans quel état d’esprit j’abordais cette course.

Côté logistique, je pouvais compter sur l’aide de Thomas, un coureur stéphanois rencontré lors d’un entraînement près du barrage de Grangent, sur la Loire, cet été. Adorable, ce nouvel ami est venu me chercher à l’aéroport et m’a dorloté avec sa petite famille jusqu’à 22h, heure à laquelle je retrouvais Jean-Jacques, qui lui m’avait gentiment hébergé pour le marathon des Alpes maritimes, un mois plus tôt. A l’arrivée, c’est Pierre et sa famille qui étaient aux petits soins pour moi.

 

 

La course : départ en toute tranquillité, pas de stress. Je suis parti avec Jean-Jacques, qui visait les sept heures. Sur cette course,il avait failli mourir deux ans plus tôt, suite à une défaillance cardiaque. Doté d’une valve artificielle, c’est avec l’accord des médecins qu’il avait repris l’entraînement.

Le départ est assez plaisant, avec les frontales, mais il faut attendre le 8ème km pour arriver sur des sentiers et quitter la route. La course de nuit ? Mouais, assez plaisant quand on est en forme et qu’on arrive à garder l’équilibre dans les descentes pleines de boue, mais sinon, pas si démentiel que ça. C’est un peu comme pou run film, on m’en avait tellement servi des tratines que j’ai été un brin déçu.

Bon, les faits. Je passe les 30 premiers en 3heures. Parfait, pensais-je. Comme c’était déjà le gros du dénivelé (1300 m à grimper en tout), je pouvais espérer finir les 39 suivants en 4 heures. Las ! Peu après le 3ème ravito, au km 28, j’ai senti une lourdeur au niveau de l’estomac. Étaient-ce mes deux montagnes de pâtes ingurgitées à 19h qui se rappelaient à moi ? Je ne sais pas, mais je me souviens bien que je ne pouvais presque plus courir. J’appréciais les montées car là tout le monde marchait !

Entre 3h30 et 6h, j’en ai bavé dans le sens où j’évais des problèmes de digestion qui m’empêchait de courir... mais le mental était bon – ‘keep on going’ si tu peux pas ‘keep on running’. Alors qu’à Sainte-Catherine, km 28, j’étais 379ème scratch, à Saint-Genoux, km 34 (4ème pointage/ravito), je ne suis plus que 1296ème !



Lorsque le jour s’est levé, dans la dernière descente sur Lyon, j’ai senti que j’allais mieux. Tellement mieux que j’ai décidé de zapper le 7ème et dernier ravito, km 63, à 5 ou 6 km de l’arrivée. Et là, stupeur, j’avais retrouvé mes jambes. Je me suis mis en mode loco (hommage involontaire à Zatopek) et j’ai passé plus de 300 coureurs, les 5 bons kilomètres qu’il restait en 23 minutes ! Autant dire que par rapport à tous les autres coureurs, sans exception, je finis au sprint sur ces derniers kilomètres. Comment est-ce possible ? Je n’en sais rien ! Côté alimentation, j’ai pris 3 gels en tout et pour tout, bien espacés à partir du 25ème kilomètre. Aux ravitos, j’ai pris des fruits secs, du pain d’épice, du thé et un peu de café, une fois.    



Au final, je décroche le bronze, si je peux dire, dans le sens où tous les coureurs qui finissent en moins de 8h20 on un diplôme de bronze (moins de 6h30 c’est l’or). Je finis en 8h11'57 (détails et diplôme).

Je suis au final 1068ème. Sur combien de coureurs ? Et bien il y avait 4675 coureurs classés au 1er ravito, au km 16... et SEULEMENT 3652 à l’arrivée (le dernier met plus de 15 heures). Soit 1023 abandons depuis le km 16, un peu plus au total. PRES D’UN QUART DES COUREURS ABANDONNE ! Brrr... Je suis content d’être arrivé et cette fin étrange ne cesse de m’interroger. Pas trop de courbature le lendemain, d’ailleurs. Sur le plan musculaire, j’étais loin de taper dans le dur. Côté cardiaque, je me suis senti très à l’aise aussi. Alors l’an prochain ? Et bien peut-être bis repetitas, en gérant mieux la préparation diététique et en résistant aux tentations stéphanoises ! Maintenant, grâce à Thomas et Florence, je connais les pâtisseries de Bruno Montcoudiol, l’an prochain, j’irai peut-être à nouveau, mais pas du tout en touriste pour pouvoir apprécier pleinement... la course et pas les gâteaux !

Un grand merci, encore, à mes amis stéphanois et lyonnais (ou plutôt vaudais). Un grand bravo à Jean-Jacques, qui finit en 7h20 !